DEMAIN : LA MONARCHIE
Un projet politique pour la France de demain
25 août 1270 : Mort de Saint Louis IX
statue représentant Louis IX,
Sainte Chapelle du Palais de la Cité, Paris
Né le 25 avril 1214, sous le règne de son grand-père Philippe II Auguste, Louis IX devint roi de France à la mort de son père Louis VIII, le 8 novembre 1226, sous la régence de sa mère Blanche de Castille.
La mort du roi se produisit lors de la VIIIème Croisade. Cette expédition, dont le but était la Terre Sainte, devait passer par la Tunisie. En effet, selon la plupart des historiens, l'étape en Afrique du Nord avait pour but d'aider le sultan de Tunis (Abu Abd Allah Muhammad al Mustansir, de la dynastie hafside, qui régnait sur une partie du Maghreb) à se convertir au christianisme sans être victime de la colère de ses sujets. On espérait par ailleurs obtenir son aide pour se porter contre l'Egypte. En fait, être baptisé n'était pas l'intention du souverain hafside et celui-ci s'opposa aux croisés débarqués sur ses terres.
Partis d'Aigues-Mortes le 1er juillet 1270, Louis IX et ses troupes, après une escale à Cagliari (Sardaigne), débarquèrent sur les côtes tunisiennes. Les croisés s'emparèrent de Carthage puis firent le siège de Tunis. Mais la maladie décima les rangs des croisés. Jean Tristan, fils du roi, mourut le 2 août 1270. Le roi, malade lui aussi, demanda à être placé sur un lit de cendres en signe de pénitence et décéda le 25 août.
On se sait pas encore exactement quelle maladie a emporté le roi : on a évoqué la dysenterie ou le typhus, mais des études récentes désignent le scorbut.
Son fils aîné, qui était présent, devint le roi Philippe III. Lui aussi était malade mais finit par guérir. Le nouveau roi décida de rapatrier le corps de son père en France. Il n'était pas possible d'emmener le corps pour un si long voyage sans le traiter au préalable. Mais à l'époque, en France, on ne maîtrisait pas encore les techniques d'embaumement.
Mort de saint Louis, enluminure du XIVème siècle
On utilisa alors une technique qui peut sembler barbare : le corps, démembré, a été bouilli dans un mélange d'eau et de vin afin de détacher la chair des eaux. La dépouille fut partagée entre Philippe III et le roi de Sicile, Charles d'Anjou, frère de Louis IX : les chairs et les viscères furent inhumées dans la cathédrale sicilienne de Monreale tandis que les os (et sans doute le coeur) furent rapatriés en France. Les funérailles dans la basilique de Saint-Denis n'eurent lieu que le 22 mai 1271.
Considéré déjà comme un saint de son vivant (il était très pieux et connu pour son sens de la justice), Louis IX devait être officiellement canonisé par l'église. Commencé rapidement après la mort du roi, le procès en canonisation fut ralenti par la mort successive de plusieurs papes (et la nécessité de procéder à l'élection de leurs successeurs). C'est le pape Boniface VIII qui annonça la canonisation de Louis IX le 4 août 1297 sous le nom de Saint Louis de France. La fête du nouveau saint fut fixée au jour de sa mort : le 25 août. Saint Louis est un des saints-patrons de la France. Pour nous royalistes, il est le saint patron de la royauté française. Nous pouvons lui demander son intercession pour le rétablissement de la royauté légitime en France.
21 mai 1420 : Traité de Troyes
C'est un traité honteux qui a été signé dans le contexte de la Guerre de Cent Ans.
Le traité
Il a été signé le 21 mai 1420 dans la cathédrale de Troyes entre Charles VI, roi de France et Henri V, roi d'Angleterre. Il stipule que, à la mort du roi Charles VI, c'est le roi d'Angleterre qui deviendra roi de France. Par ce traité, la princesse Catherine, fille du roi de France, est donnée en mariage au roi d'Angleterre. Le dauphin Charles, quant à lui, est écarté de la succession en raison des "horribles et énormes crimes et délits" qu'on lui prête (notamment l'assassinat du duc de Bourgogne).
Charles VI, Roi de France
Enluminure du XVème siècle
Henri V de Lancastre, Roi d'Angleterre
portrait non contemporain
Isabeau de Bavière, Reine de France
sculpture, palais de justice de Poitiers
Pourquoi ce traité ?
Il faut se rappeler que Charles VI souffrait d'accès de démence et, à la fin de son règne, il n'était plus en mesure de gouverner son royaume. Son épouse, Isabeau de Bavière, était à la tête du conseil de régence. Mais, liée au parti bourguignon (son mariage avec Charles VI avait été arrangé par le duc de Bourgogne Philippe II), elle fut incapable d'apaiser les tensions entre les princes de la famille royale (notamment entre le duc d'Orléans, frère du roi, et le duc de Bourgogne Jean Sans Peur, son cousin). Le duc d'Orléans est assassiné en 1407 par les sbires du duc de Bourgogne. Le désastre d'Azincourt (1415), dû aux rivalités entre les maisons d'Orléans et de Bourgogne, montre que la reine n'est pas à la hauteur. Le dauphin Charles écarte sa mère du pouvoir (1417), l'assigne à résidence à Marmoutier (en Touraine) et prend la tête du conseil de régence.
Philippe III le Bon, Duc de Bourgogne
d'après Rogier van der Weyden
La reine Isabeau gardera un profond ressentiment à l'égard de son fils pour cette trahison. Elle est libérée par Jean Sans Peur fin 1417 et installe son pouvoir à Troyes. En 1418, le dauphin échappe à une tentative d'assassinat commanditée par le duc Jean Sans Peur, fuit Paris et se réfugie à Bourges. Le duc de Bourgogne est assassiné en 1419 à l'occasion d'une entrevue avec le dauphin. Philippe III le Bon de Bourgogne, fils de Jean Sans Peur, cherche bien sûr à venger son père. C'est lui qui rapproche la reine Isabeau et le roi d'Angleterre et qui est à l'origine du traité de Troyes.
Mise en oeuvre du traité
Le mariage du roi Henri V avec la princesse Catherine de France est célébré le 2 juin 1420. De cette union, naît un fils, Henri, en 1421. Henri V meurt en 1422, quelques mois avant Charles VI. A la mort de ce dernier, c'est donc le jeune Henri VI qui est proclamé roi de France. En France, la régence est exercée par Jean de Lancastre, duc de Bedford, oncle du nouveau roi d'Angleterre.
La remise en cause du traité
Bien sûr, ce traité n'a pas été reconnu par tous. Les partisans du dauphin l'ont reconnu comme roi légitime (Charles VII) à la mort de Charles VI. On sait que Charles VII devra batailler longtemps pour se faire reconnaître roi et chasser les Anglais avec l'aide de Jeanne d'Arc.
L'illégalité d'un tel traité
Le fait que Charles VI n'était pas en pleine possession de ses facultés mentales devrait suffire à rendre invalide ce traité. Un autre argument est le fait que la loi salique, mise en place au XIVème siècle pour écarter du trône la fille de Louis X, était en vigueur en France et que la couronne ne pouvait donc pas être transmise par mariage à un prince étranger à la dynastie capétienne. Enfin, ce traité est en totale contradiction avec les Lois Fondamentales du Royaume qui ne permettent pas au roi de désigner son successeur ou d'écarter un prince de la succession. L'Histoire a donné raison à la loi successorale : la victoire de Charles VII a rétabli le droit royal issu de la coutume.
Henri VI de Lancastre, Roi d'Angleterre
portrait non contemporain
Charles VII, Roi de France
portrait par Jean Fouquet
Par la suite, tous les traités visant à modifier les droits successoraux des princes seront considérés comme nuls ipso facto. Ainsi, le traité d'Utrecht, par lequel Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV, renonçait à ses droits à la Couronne de France pour lui et sa descendance, était contraire au droit royal français et donc sans effet (quoiqu'en disent les Orléanistes). De même, l'abdication de Charles X et de son fils en faveur du duc de Bordeaux (Henri V) était aussi illégale.
13-14 février 1820 : assassinat et mort du Duc de Berry
Le prince Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry, est né le 24 janvier 1778 à Versailles, sous le règne de son oncle le Roi Louis XVI. Il était le deuxième fils de Charles Philippe de France, comte d'Artois (futur roi Charles X), le plus jeune frère du Roi.
Sur ordre du Roi, il émigra avec ses parents au début de la révolution, en 1789. Très jeune, il prit part aux combats contre les troupes républicaines. Sous la Restauration, il devint membre de la Chambre des Pairs.
En 1816, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, il épousa la princesse Marie-Caroline des Deux-Siciles. De cette union naquirent une fille qui ne vécut qu'un jour (1817), un garçon qui mourut le jour de sa naissance (1818), puis une fille, Louise, née en 1819, qui sera plus tard duchesse de Parme. C'est alors que la duchesse de Berry est enceinte pour la quatrième fois que le prince est victime d'un attentat.
Le 13 février 1820, à la sortie de l'Opéra, rue de Richelieu, à Paris, le duc de Berry fut poignardé par Louis Pierre Louvel, un ouvrier bonapartiste. La victime était un ultra-royaliste et le seul prince de la famille royale à être susceptible d'avoir une descendance dynaste. En effet, son frère aîné, le duc d'Angoulême, n'ayant pas eu d'enfants, les espoirs dynastiques reposaient sur lui. Le prince décéda le lendemain, 14 février 1820. Il fut inhumé dans la basilique de Saint-Denis.
Louvel, arrêté, fut guillotiné le 7 juin 1820, bien que le duc de Berry agonisant ait demandé qu'il soit gracié. L'opéra devant lequel eut lieu le drame fut rasé sur ordre du Roi. Il se situait à l'emplacement de l'actuel square Louvois. A la place de l'opéra, un monument expiatoire a été construit mais il a été détruit après la révolution de 1830.
La mort du duc de Berry, peinture d'Edouard Cibot, Musée Carnavalet
L'assassinat du duc de Berry eut pour conséquence un durcissement de la politique de Louis XVIII et le retour des ultra-royalistes aux affaires. Une autre conséquence a des répercussions sur le royalisme de nos jours : même si le duc de Berry a eu un fils posthume, ce dernier n'a pas eu de descendance. Ainsi une crise dynastique s'est ouverte en 1883 à la mort du comte de Chambord, fils du duc de Berry, en scindant les royalistes entre légitimistes (qui soutiennent les princes de la branche issue de Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV) et orléanistes (qui soutiennent les princes de la Maison d'Orléans, descendants du frère de Louis XIV).
29 septembre 1820 : naissance du Duc de Bordeaux
(futur Comte de Chambord)
Le prince Henri d'Artois est né au Palais des Tuileries le 29 septembre 1820, posthume. En effet, son père, Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, mort assassiné le 14 février. Il a été nommé Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné (la naissance d'un garçon était très attendue, d'où ce dernier prénom). Ce prince est né sous le règne de son grand-oncle Louis XVIII. Le roi lui donna le titre de Duc de Bordeaux, en hommage à cette ville qui a si bien accueilli le retour des Bourbons en 1814. Il fut baptisé le 1er mai 1821 en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
La naissance du duc de Bordeaux, peinture par Claude-Marie Dubuffe (1824), château de Chambord
Quand le duc de Bordeaux est né, il était le seul prince à pouvoir continuer la lignée issue de Louis XV. En effet, son oncle le duc d'Angoulême n'a pas eu d'enfant, et ses parents n'avaient qu'un enfant, la princesse Louise (ils avaient eu deux autres filles mortes en bas âge). Sa naissance était donc un événement considérable, ce qui lui vaudra d'être surnommé "l'enfant du miracle" (expression due à Lamartine : voir le poème ci-dessous). Cet enfant fut adulé par la population, et une souscription nationale fut lancée en 1820 afin d'acheter le domaine et le château de Chambord. C'est ainsi que Chambord fut offert au jeune prince le 5 mars 1821. C'est la raison pour laquelle il prit, en exil, le titre de Comte de Chambord.
Contrairement aux Lois Fondamentales du Royaume, son grand-père le roi Charles X et son oncle le dauphin abdiquèrent en sa faveur le 2 août 1830, dans l'espoir de sauver la royauté à l'issue de cette deuxième révolution. La lieutenance générale du royaume avait été confiée au duc d'Orléans, lequel avait la charge de faire reconnaître comme roi le duc de Bordeaux. Au lieu de cela, le duc d'Orléans fut proclamé roi des Français (Louis-Philippe Ier) et le jeune prince Henri suivit sa famille en exil.
Ce n'est qu'à la mort de son oncle (Louis XIX) , le 3 juin 1844, que le comte de Chambord prit le titre de Chef de la Maison de Bourbon sous le nom d'Henri V.
Il y eut deux tentatives de restauration de la royauté légitime en faveur du comte de Chambord : une tentative de soulèvement, vouée à l'échec et orchestrée par sa mère la duchesse de Berry en 1832, et une tentative de restauration en 1873 par la voie légale.
Henri V fut un prince dont la pensée politique reste une référence pour nombre de royalistes.
La duchesse de Berry et ses enfants, le duc de Bordeaux et la princesse Louise, par François Gérard (1822)
Au sujet du Comte de Chambord, on pourra lire les articles / pages suivants :
Ode sur la naissance
du Duc de Bordeaux
Versez du sang ! frappez encore !
Plus vous retranchez ses rameaux,
Plus le tronc sacré voit éclore
Ses rejetons toujours nouveaux !
Est-ce un dieu qui trompe le crime ?
Toujours d’une auguste victime
Le sang est fertile en vengeur !
Toujours échappé d’Athalie
Quelque enfant que le fer oublie
Grandit à l’ombre du Seigneur !
Il est né l’enfant du miracle !
Héritier du sang d’un martyr,
Il est né d’un tardif oracle,
Il est né d’un dernier soupir !
Aux accents du bronze qui tonne
La France s’éveille et s’étonne
Du fruit que la mort a porté !
Jeux du sort ! merveilles divines !
Ainsi fleurit sur des ruines
Un lis que l’orage a planté.
Il vient, quand les peuples victimes
Du sommeil de leurs conducteurs,
Errent aux penchants des abîmes
Comme des troupeaux sans pasteurs !
Entre un passé qui s’évapore,
Vers un avenir qu’il ignore,
L’homme nage dans un chaos !
Le doute égare sa boussole,
Le monde attend une parole,
La terre a besoin d’un héros !
Courage ! c’est ainsi qu’ils naissent !
C’est ainsi que dans sa bonté
Un dieu les sème ! Ils apparaissent
Sur des jours de stérilité !
Ainsi, dans une sainte attente,
Quand des pasteurs la troupe errante
Parlait d’un Moïse nouveau,
De la nuit déchirant le voile,
Une mystérieuse étoile
Les conduisit vers un berceau !
Sacré berceau ! frêle espérance
Qu’une mère tient dans ses bras !
Déjà tu rassures la France,
Les miracles ne trompent pas !
Confiante dans son délire,
À ce berceau déjà ma lyre
Ouvre un avenir triomphant ;
Et, comme ces rois de l’Aurore,
Un instinct que mon âme ignore
Me fait adorer un enfant !
Comme l’orphelin de Pergame,
Il verra près de son berceau
Un roi, des princes, une femme,
Pleurer aussi sur un tombeau !
Bercé sur le sein de sa mère,
S’il vient à demander son père,
Il verra se baisser leurs yeux !
Et cette veuve inconsolée,
En lui cachant le mausolée,
Du doigt lui montrera les cieux !
Jeté sur le déclin des âges,
Il verra l’empire sans fin,
Sorti de glorieux orages,
Frémir encor de son déclin.
Mais son glaive aux champs de victoire
Nous rappellera la mémoire
Des destins promis à Clovis,
Tant que le tronçon d’une épée,
D’un rayon de gloire frappée,
Brillerait aux mains de ses fils !
Sourd aux leçons efféminées
Dont le siècle aime à les nourrir,
Il saura que les destinées
Font roi, pour régner ou mourir ;
Que des vieux héros de sa race
Le premier titre fut l’audace,
Et le premier trône un pavois ;
Et qu’en vain l’humanité crie :
Le sang versé pour la patrie
Est toujours la pourpre des rois !
Tremblant à la voix de l’histoire,
Ce juge vivant des humains,
Français ! il saura que la gloire
Tient deux flambeaux entre ses mains
L’un, d’une sanglante lumière
Sillonne l’horrible carrière
Des peuples par le crime heureux ;
Semblable aux torches des furies
Que jadis les fameux impies
Sur leurs pas traînaient après eux !
L’autre, du sombre oubli des âges,
Tombeau des peuples et des rois,
Ne sauve que les siècles sages,
Et les légitimes exploits :
Ses clartés immenses et pures,
Traversant les races futures,
Vont s’unir au jour éternel ;
Pareil à ces feux pacifiques,
Ô Vesta ! que des mains pudiques
Entretenaient sur ton autel !
Il saura qu’aux jours où nous sommes,
Pour vieillir au trône des rois,
Il faut montrer aux yeux des hommes
Ses vertus auprès de ses droits ;
Qu’assis à ce degré suprême,
Il faut s’y défendre soi-même,
Comme les dieux sur leurs autels ;
Rappeler en tout leur image,
Et faire adorer le nuage
Qui les sépare des mortels !
Au pied du trône séculaire
Où s’assied un autre Nestor,
De la tempête populaire
Le flot calmé murmure encor !
Ce juste, que le ciel contemple,
Lui montrera par son exemple
Comment, sur les écueils jeté,
On élève sur le rivage,
Avec les débris du naufrage,
Un temple à l’immortalité !
Ainsi s’expliquaient sur ma lyre
Les destins présents à mes yeux ;
Et tout secondait mon délire,
Et sur la terre, et dans les cieux !
Le doux regard de l’espérance
Éclairait le deuil de la France :
Comme, après une longue nuit,
Sortant d’un berceau de ténèbres,
L’aube efface les pas funèbres
De l’ombre obscure qui s’enfuit.
Alphonse de Lamartine
Méditations poétiques (1820)
Médaille en l'honneur de la naissance du Duc de Bordeaux, représenté en enfant étouffant deux serpents dans son berceau (référence mythologique).
16 avril 1870 : mort de la Duchesse de Berry
Caroline de Bourbon des Deux-Siciles, duchesse de Berry, portait par Charles Rauch
La duchesse de Berry, portait par Thomas Lawrence
En 1824, louis XVIII mourut. C'est alors le beau-père de la duchesse de Berry qui devint roi sous le nom de Charles X. La révolution de 1830 contraint le roi à abdiquer, ainsi que son fils aîné (Louis XIX), en faveur du jeune duc de Bordeaux, fils de Caroline. Ces renonciations au trône ne sont pas valables en droit royal français, mais le roi a tenté de sauver la royauté en désignant son petit-fils pour régner (étant enfant, il était moins impopulaire que Charles X et le dauphin). Charles X confia la lieutenance générale du royaume au duc d'Orléans auquel il demanda de faire proclamer roi le duc de Bordeaux sous le nom de Henri V. Au lieu de cela, le duc d'Orléans fut proclamé roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier.
La duchesse de Berry suivit la famille royale en exil en Angleterre et en Ecosse. Elle s'entoura de légitimistes avec qui elle réfléchit à un projet de restauration de la royauté légitime en faveur d'Henri V.
Contre l'avis de son beau-père, la princesse forma le projet de soulever le peuple de France pour mettre son fils sur le trône. Elle partit pour l'Italie. Le 14 décembre 1831, la princesse épousa secrètement à Rome le comte Ettore Lucchesi-Palli (futur duc della Grazia et prince de Campofranco), un noble du royaume des Deux-Siciles. En avril 1832, partie de Gênes, elle débarqua à Marseille et tenta de soulever la région. Mais elle n'y parvint pas et, pourchassée par la police, elle prit la décision de rejoindre la Vendée où elle savait avoir plus de chances de rallier la population à sa cause. Le soulèvement de la Vendée débuta en juin mais fut un cuisant échec. Les insurgés furent vaincus par le général Dermoncourt. La duchesse de Berry réussit à se sauver et se réfugia à Nantes. Dénoncée, elle fut arrêtée le 7 novembre et enfermée dans la forteresse de Blaye. En mai 1833, elle y accoucha d'une fille qu'elle dit être le fruit de son mariage avec le comte Lucchesi-Palli. Cette nouvelle consternante (son mariage avait été tenu secret jusqu'alors) ternit l'image de la princesse. La paternité de cet aristocrate est actuellement remise en question par les historiens. Toujours est-il que le couple aura d'autres enfants (dont un fils duquel est issue l'actuelle famille des Lucchesi-Palli, ducs della Grazia).
La duchesse de Berry et son fils le duc de Bordeaux, par François Gérard
En 1833 Louis-Philippe fit libérer sa nièce (la duchesse de Berry était la nièce de la reine Marie-Amélie, épouse du roi des Français) qui avait perdu toute crédibilité, donc qui n'était plus dangereuse pour le roi, et l'exila à Palerme, dans son royaume natal. La famille royale de France en exil n'a pas souhaité le retour de la princesse qui a contracté un mariage italien. Par ailleurs, il fut décidé que l'éducation des enfants du duc de Berry serait confiée à la princesse Marie-Thérèse (Madame Royale, fille de Louis XVI), belle-fille de Charles X.
Le château de Brunnsee
La malheureuse duchesse de Berry (on continua à lui donner ce titre), privée de ses premiers enfants, vécut en exil entre la Sicile et l'Autriche. C'est dans ce dernier pays qu'elle acquit le château de Brunnsee (dans l'actuelle commune de Mureck) où elle vécut ses dernières années. Son mari y décéda en 1864 et elle-même y mourut, aveugle, le 16 avril 1870. Elle est inhumée dans la chapelle familiale du cimetière de Mureck.
photographie de la duchesse de Berry
chapelle funéraire de la duchesse de Berry et de sa famille, cimetière de Mureck
La princesse Caroline (ou Marie-Caroline) de Bourbon des Deux-Siciles est née le 5 novembre 1798 au palais royal de Caserte. Elle était la fille de François, prince de Calabre (futur François Ier, roi des Deux-Siciles), et de sa première épouse Marie-Clémentine d'Autriche. Sous la République et l'Empire, elle dut quitter par deux fois (1799 et 1806) la partie continentale du royaume pour se réfugier en Sicile. La chute de Napoléon permit à son grand-père le roi des Deux-Siciles de récupérer l'intégrité de son royaume.
En 1816, elle épousa Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, neveu de Louis XVIII, roi de France. Le couple eut quatre enfants dont deux arrivèrent à l'âge adulte : Louise, future duchesse de Parme, et Henri, né posthume, duc de Bordeaux, futur Comte de Chambord.
16 mai 1920 : canonisation de Jeanne d'Arc
Qui était Jeanne d'Arc ?
Il n'est sans doute pas nécessaire de raconter la vie de Jeanne d'Arc, qui est un personnage que tous les Français connaissent. Rappelons cependant qu'elle est née à Domrémy, un village se trouvant actuellement en Lorraine, mais il n'est pas exact de dire que Jeanne était lorraine : en effet, Domrémy ne se trouvait pas, à l'époque, dans le duché de Lorraine mais dans le duché de Bar. Cette distinction a son importance : le duché de Lorraine ne se trouvait pas dans le royaume de France mais dans le Saint-Empire, tandis que le village de la famille de Jeanne d'Arc se trouvait dans la partie (Barrois mouvant) du duché de Bar qui se situait dans le royaume. Plus précisément, Domrémy dépendait de René d'Anjou, frère de la reine Marie, épouse de Charles VII. Il y aurait bien d'autres idées reçues à rectifier (comme de dire que Jeanne était une bergère illettrée) mais ce n'est pas notre propos ici.
Pour nous, royalistes, Jeanne d'Arc est avant tout celle qui a permis à Charles VII (appelé injustement le dauphin Charles) de reprendre la lutte contre les Anglais jusqu'à son sacre à Reims. Rappelons que, depuis le traité de Troyes (1420), le dauphin Charles avait été écarté (illégalement) de la succession au trône. Comme on sait, il a fini par l'emporter, mettant fin à la Guerre de Cent Ans et faisant triompher la légitimité (thème cher aux légitimistes !).
Statue de Jeanne d'Arc, place des Pyramides à Paris, inaugurée en 1874
Cérémonie de canonisation de Jeanne d'Arc à Rome
S.S. le pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa) qui régna de 1914 à 1922
Du procès inique à la réhabilitation
Mais l'histoire de Jeanne ne se termine pas aussi bien puisqu'elle finit par être capturée et livrée aux Anglais.
Après un procès qui s'est tenu du 21 février au 23 mai 1431, au château de Rouen, Jeanne d'Arc est reconnue par le tribunal ecclésiastique coupable de nombreux chefs d'accusation, dont l'hérésie, et condamnée au bûcher. L'exécution a lieu le 30 mai 1431.
Sur demande d'Isabelle Rommée, mère de Jeanne, le pape Calixte III ordonne une révision du procès en 1455. Le 7 juillet 1456, un jugement est rendu déclarant que les conclusions du procès de 1431 sont nulles et non avenues. Jeanne d'Arc est réhabilitée.
Jeanne d'Arc, sainte et héroïne du patriotisme
Si Jeanne est fêtée comme héroïne depuis le XVème siècle à Orléans (fêtes johanniques), on a négligé de la canoniser car ce n'est pas une figure habituelle de sainte : une héroïne guerrière qui s'habillait en homme !
En 1869, Mgr Dupanloup, appuyé par d'autres prélats français, adresse une demande au pape pour béatifier la pucelle d'Orléans. Il mit en place un tribunal chargé de monter un dossier qui sera présenté à Rome en 1876. Suivant l'avis de la Congrégation des Rites, le pape Léon XIII déclarait vénérable Jeanne d'Arc le 27 janvier 1894 : c'est la première étape vers la canonisation. Le procès en béatification va commencer en 1897. Jeanne d'Arc est béatifiée par le pape Pie X le 18 avril 1909. Le procès en vue de la canonisation est initié en 1910. Elle est enfin canonisée le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV. La fête de la sainte est fixée au 30 mai, date anniversaire de la mort de Jeanne d'Arc. Dans sa lettre apostolique du 2 mars 1922, Pie XI proclame que Sainte Jeanne d'Arc est une des patronnes secondaires de la France.
La canonisation de Jeanne d'Arc a eu un grand retentissement en France. La république a ainsi institué une fête en l'honneur de Jeanne, qui est une fête du patriotisme, qui a lieu le deuxième dimanche de mai (loi du 10 juillet 1920). Il faut dire que la sainte est un des rares personnages de notre histoire à être capable de fédérer toutes les tendances politiques.